Karl Popper, le néo-libéralisme et la totalisation/le totalitarisme
Avant et après la seconde guerre mondiale, des individus, notamment des professeurs, se sont réunis dans des groupes de réflexion, pour parler de sujets politiques et économiques. De l'un d'eux, se crée, le 10 avril 1947, "La Société du Mont-Pèlerin", en raison de la localisation d'une conférence, sur 10 jours, dans un village suisse. Des intellectuels connus s'y étaient retrouvés : à leur tête, Friedrich Hayek, Milton Friedman, Karl Popper, et bien d'autres...
12/13/20253 min read
Karl Popper, le néo-libéralisme et la totalisation/le totalitarisme
La dite "société" existe toujours, elle a son site Internet. Un extrait d'une conférence annuelle est partagé ci-dessus, et il faut écouter les propos de celui qui s'exprime pour mesurer le chaos intellectuel sur lequel il se fonde et qu'il promeut, par des considérations favorables au colonialisme occidental, par une ignorance de la réalité culturelle et historique des populations d'Amérique du Nord. Sur la page superficielle, partielle et partiale, de Wikipédia consacré à cette "société", il est au moins signalé que ces congressistes étaient soutenus par des puissantes entreprises. Eminence grise de cette association, Hayek était un admirateur de António de Oliveira Salazar, lequel a imposé un régime de 4 décennies d'austérité radicale au Portugal. Et, le fait est bien connu, les "Chicago Boys" n'ont pas hésité à se déplacer dans le Chili tombé sous la botte de Pinochet pour conseiller le dictateur fasciste sur des "réformes", qu'il a mis en oeuvre. Or, Karl Popper, membre de cette sinistre confrérie, a écrit "La société ouverte et ses ennemis", dont le propos est conforme au dogme de Winston Churchill, puisqu'il en dit que "L'objet de ce livre est d'aider à la défense de la liberté et de la démocratie. Je n'ignore rien des difficultés et des dangers inhérents à la démocratie, mais je n'en pense pas moins qu'elle est notre seul espoir. Bien des exemples montrent que cet espoir n'est pas vain". Popper confond donc les régimes parlementaires d'Europe de l'Ouest, d'Amérique du Nord, avec des "démocraties", et il faut bien constater que, hélas, plusieurs décennies après de telles confusions et simplifications, de nombreuses personnes répètent, volontairement ou involontairement, l'affirmation de Popper, sans l'interroger, ni surtout la démontrer. Selon la caricature que Popper donne de l'oeuvre de Platon, celui-ci aurait proposé une communauté totalitaire, dans laquelle l'individu aurait été écrasé par la communauté. La lecture superficielle de La République de Platon, le conduit à cette simplification/condamnation, sans prendre en compte que, avant Platon, le gouvernement des Trente a procédé à des assassinats politiques, dénoncés par Platon (cf. notre texte dans la partie blog sur Platon et sa famille, notamment son oncle Critias), et que la "démocratie", avant ce gouvernement et après la fin de celui-ci, a procédé à l'écrasement/élimination de nombreux citoyens, par la privation de biens (les sans, domicile, avoir financier), comme par la condamnation judiciaire, avec, évidemment, le cas emblématique et tragique de Socrate. Mais pourquoi Popper est-il si remonté contre Platon ? C'est ce que celui-ci constate et dénonce les principes et les effets de la ploutocratie, sur les 4 siècles qui ont précédé son temps, et que Popper, précisément, avec le néo-libéralisme, défend une ploutophilie destinée à aboutir à une ploutocratie radicale, les régimes capitalistes néo-libéraux. Or nous avons désormais le recul sur ce que sont ces régimes, quand ils existent, comme par l'Angleterre de Thatcher, la France actuelle, l'Argentine de Milei, les Etats-Unis de Trump, et tant de clones : ces régimes sont liberticides et dès lors qu'ils sont instaurés, comme des prisons, leurs tenants s'organisent pour qu'il soit impossible d'en sortir, de remettre en cause les principes, politiques et économiques. Avec ces régimes, COMME AVEC SALAZAR, l'austérité est le nom de la gestion permanente des finances publiques, au profit d'une minorité, laquelle n'hésite pas à "sacrifier" tant d'individus, de tant de façons différentes. Le plus comique, s'il est possible d'en rire, c'est que Popper met en cause Platon par l'accusation de totalitarisme, quand le néo-libéralisme concret, réel, historique, démontre qu'il est un totalitarisme, à la 1984 d'Orwell, dans lequel une novlangue sert à mal nommer les faits et les choses, à inverser les significations. En France, à l'été 2024, le président en place a explicitement rejeté le résultat des élections selon les pratiques constitutionnelles de la République actuelle, en refusant de reconnaître ces résultats, en refusant d'appeler pour le poste de premier ministre une personne issu du premier groupe politique à l'Assemblée Nationale. Et bien d'autres décisions et mesures peuvent être citées, lesquelles, ensemble, forment une cohérence clairement orientée contre les droits des citoyens, les libertés civiques. Le néo-libéralisme est donc un discours public, une "rhétorique", derrière laquelle les intentions réelles sont autres. Platon est un penseur qui, précisément, a dévoilé l'existence de tels faussaires/tricheurs/menteurs, en mettant en cause leur participation à une Histoire qui, systématiquement, fait du mal et finit mal, ce qu'un Popper a bien compris mais à propos de quoi il a fait le choix d'être dans le camp des enrichis de - à l'instar de leurs prédécesseurs, les sophistes.


