Socrate, Platon, des Grecs face à des Grecs

Les représentations des Grecs anciens, de leur existence, de leurs relations, sont souvent semblables à celle qui se trouve au-dessus de ce texte : des hommes vieux (!), qui se parlent, apparemment, avec amabilité, puisqu'ils "philosophent". La "conversation philosophique" est ainsi présentée, dans un rapport amical, "bienveillant", comme on l'entend souvent à notre époque, bien que, dans les "Dialogues", les échanges soient plus tendus, voire clairement conflictuels.

Quoiqu'il en soit, il est certain que la pratique du "dialogue" dépend d'interlocuteurs qui écoutent, s'écoutent, respectent les autres citoyens présents, au moins par le fait que, quand il y a une prise de parole par l'un d'eux, les autres le laissent parler et ne parlent pas en même temps. Cette valorisation d'une telle forme dans la relation humaine, par Socrate et Platon, se fait dans une culture qui, elle, est intrinsèquement, conflictuelle, et ce jusqu'à l'extrême violence. Entre un Agamemnon, Roi des rois, des Achéens (ces premiers Grecs), un Achille, plus grand des guerriers (autrement dit, un tueur qui n'est pas tué, jusqu'à ce que...), et un citoyen comme Platon, il y a une telle distance, une telle divergence. Nous ne devons pas faire comme s'il y avait uniformité, quand il y a une telle diversité, de telles différences, différenciations.